Petite réflexion pédagogique sur la pratique des coups de talons

Dans l’enseignement de l’équitation, il existe des habitudes qui, bien qu’ancrées dans la tradition, méritent d’être réexaminées à la lumière de leur impact sur l’apprentissage des cavaliers, notamment les plus jeunes et les débutants. Parmi celles-ci, la pratique consistant à demander des « coups de talons » pour inciter le cheval à avancer semble à la fois inefficace et contre-productive.

Pour un débutant, la priorité absolue est de trouver son équilibre à cheval. Or, donner des coups de talons implique souvent d’écarter les jambes ou de mobiliser le bas du corps de manière brusque. Cela perturbe directement la stabilité du cavalier, qui peine déjà à coordonner ses mouvements et à rester centré sur sa selle. Ce déséquilibre entraîne fréquemment des tensions inutiles, voire des situations de panique, tant pour le cavalier que pour le cheval.

Demander à un enfant ou à un débutant de donner des coups de talons renforce, parfois inconsciemment, une approche brusque et mécanique de l’équitation. Cela peut générer des comportements involontairement colériques ou brusques envers l’animal. Cette méthode donne l’impression que la force est une réponse appropriée, alors qu’elle est en contradiction avec les valeurs de douceur, de respect et de communication subtile qui devraient guider la relation cavalier-cheval.

Les coups de talons sont souvent perçus comme une solution rapide pour obtenir une réponse immédiate du cheval. Pourtant, cette pratique évacue l’essence même de la leçon de jambes, qui repose sur la finesse et la progressivité des aides. En recourant à cette méthode, on néglige l’apprentissage des bases fondamentales, comme l’utilisation de la position, du poids du corps ou même de la voix, qui sont autant de moyens naturels pour établir une communication efficace et respectueuse avec le cheval.

Pour des cavaliers débutants, la priorité devrait être de leur apprendre à se concentrer sur leur posture, leur équilibre et leur ressenti. En développant une assiette stable et des aides claires, ils seront en mesure de donner des ordres cohérents et non contradictoires, ce qui facilitera la réponse du cheval. De plus, l’utilisation de la voix, combinée à des indications légères du bassin ou des jambes, peut suffire à initier les bases de la communication sans brutalité ni perte de stabilité.

Plutôt que de perpétuer la pratique des coups de talons, pourquoi ne pas encourager un apprentissage basé sur la finesse et la patience ? Il est essentiel d’inculquer dès le départ aux cavaliers débutants l’idée que l’équitation est une discipline de dialogue et d’harmonie, et non de force ou de contrainte.

Prenons le temps d’enseigner ! N’oublions pas que pour apprendre à faire du vélo, nous mettons des roulettes et pour apprendre à conduire, nous n’avons pas les pédales … L’autonomie s’apprend étape par étape et ne doit pas être au détriment de l’animal…

Audrey – Les Ecuries de la Vallée Heureuse

07/02/2025

Réflexions pédagogiques équestres